La couleur de l’exil

 

J’ai grandi en France comme un étranger déraciné qui n’avait, de son pays d’origine, qu’une image fantasmée forgée par les histoires que me racontait mon père. Avec le temps, je me suis imaginé un monde sublime et parfait en même temps que grandissait en moi la frustration de ne pas le connaître réellement. De mes origines portugaises, j’ai quelque part ancré au fond de moi ce sentiment indéfinissable, entre mélancolie et bonheur, que l’on nomme la « saudade ».

Cette série photographique est le résultat d’une errance qui m’a conduit, entre 2016 et 2018, du Parc Naturel de Ria Formosa dans l’Algarve jusque Rota, une petite ville andalouse où j ‘ai fini par m’installer. Fortement inspiré par le célèbre auteur Portugais Fernando Pessoa, je me suis laissé transporté dans une écriture minimaliste pour exprimer, à la manière d’un peintre, une vision touchant au sublime, à la fois réelle au plus près du réel et abstraite au plus près du rêve…

J’ai choisis des petits bouts d’endroits, lieux communs, sans frontières, oubliés par l’homme, non loin des urbanisations qui prolifèrent dans ces régions. Ces petits bouts d’endroits qui évoluent très lentement au grès des vents et des marées. Ces petits bouts de rien, rivages ou terres agricoles, d’où émerge une notion de vide qui diffuse ce parfum au goût de « saudade »

El color del exilio

Crecí en Francia como un extranjero desarraigado que tan solo tenía de su país de origen una imagen fantaseada, forjada por las historias que me contaba mi padre. Con el tiempo me imaginé un mundo ficticio, bello, perfecto, al tiempo que crecía en mí la frustración de no conocerlo realmente. De mis orígenes portugueses, de alguna manera se ha consolidado en mi interior ese sentimiento indefinible, entre melancolía y felicidad, al que se suele llamar “saudade“.

Esta serie fotográfica es el resultado de una itinerancia que me condujo entre 2016 y 2018 desde el Parque Natural de Ria Formosa, en el Algarve, hasta Rota, un pueblo de Andalucía en donde acabé estableciéndome. Sintiéndome fuertemente inspirado por el célebre autor Fernando Pessoa, me dejé transportar en una escritura minimalista para expresar, como lo haría un pintor, una visión que llegara a lo sublime, a la vez real y cercana de lo real y abstracta y próxima al sueño… Elegí algunos rincones, lugares comunes sin fronteras olvidados por el hombre, no lejos de urbanizaciones que proliferan en estas regiones. Estos rincones que evolucionan muy lentamente al ritmo de los vientos y de las mareas. Esas pequeñas porciones de nada, orillas o tierras agrícolas, de donde emerge una noción de vacío que difunde ese perfume con sabor a “saudade“.