Le parcours de Marc Antoine Torres est atypique. Tout commence, courant des années 1970, sur la Croisette à Cannes  durant le Festival du Cinéma. En marge de l’événement, il va s’intéresser aux starlettes et à l’hystérie collective qu’elles provoquent. Sous l’influence des grands maîtres du noir et blanc, il s’attache à une rigueur dans la composition de ses images et cela restera une de ses principales préoccupations tout au long de son évolution. Des expositions et quelques prix viendront récompenser ce travail.

Dans les années 1980 il réalise à Marseille un travail qui durera plus de dix ans, sur la vie sociale de la cité phocéenne. Un livre sera publié aux éditions de l’Envol : « Marseille chemin faisant » préfacé par Raymond Jean.

 

Dans les années 1990 il entreprend plusieurs voyages initiatiques dans le sud de la péninsule ibérique. Ses nombreux séjours dans les villages blancs méditerranéens permettront l’émergence d’un nouveau style d’écriture plus minimaliste. Sa série « Blancheur de l’exil »  bénéficiera de nombreuses expositions. Elle sera présentée durant le mois de la photo en 2005 au Venezuela dans deux musées d’art contemporain, à Caracas et à Maracaibo : Musée d’Art Contemporain de Zulia – MACZUL. Un extrait de cette série sera également publiée dans le Figaro Magazine pour illustrer des textes d’Henri Michaux.

Les années 2000 marqueront un grand virage dans son parcours. Marc Antoine Torres rompt avec les traditions du noir et blanc pour se consacrer à la couleur et c’est naturellement qu’il se destine, quelques années durant, à la « photographie de rue ».

Sa rencontre avec l’artiste américain Marcus Reichert, peintre, cinéaste et photographe, va conforter sa vision de coloriste. Sa photographie devient conceptuelle et de cette nouvelle approche naîtront plusieurs travaux dont : Mes vacances au Cap – Quicksnap – Voyage au bout du Rhône – La Belle de mai.

En 2001 il crée à Marseille, avec son épouse Florence, l’agence l’Œil Du Sud qui fonctionne comme un collectif dont la vocation est de promouvoir les travaux d’une douzaine de photographes répartis sur le pourtour du bassin Méditerranéen. Ce collectif répondra à plusieurs commandes pour la presse française et européenne. L’aventure durera 8 ans.

Entre 2003 et 2005 il s’intéresse au patrimoine de la ville de Port Saint Louis du Rhône. Son investigation le conduira dans un bâtiment laissé à l’abandon, une minoterie où il réalisera une série : « Mémoire en friche ». Huit tirages grands format (2,50 m. X 2,50m) sont présentés dans une rue de la ville durant plusieurs mois. Exposition coproduite par le Pôle arts visuels Ouest Provence (Centre d’art contemporain intercommunal, ADAPP) et la Direction des affaires culturelles Ouest Provence.

Sa véritable vocation il la trouvera dans une petite ville andalouse proche de Cadix où il s’installe en 2009. Il décide de reconsidérer tous les préceptes d’une photographie trop formatée à son goût pour se dédier totalement a une photographie conceptuelle emprunte des mouvements artistiques nés au début du 20ème siècle. Dès lors, il travaillera avec la sensibilité d’un peintre explorant des domaines comme le cubisme ou le minimalisme. Il ne s’exprimera plus qu’en produisant des séries, chacune racontant sa propre histoire souvent liée à la mémoire avec un ton humaniste. Il va laisser libre cours à sa créativité, s’écartant de plus en plus des codes de la photographie documentaire pour se rapprocher de compositions abstraites.

En 2020 il profite du confinement pour revisiter ses archives et leur donne une deuxième lecture. Ainsi naîtra « La cité confinée » une suite d’images qui se présente en 3 actes qui viendront compléter une œuvre prolifique.

Images of Marco Torres by Marcus Reichert

With Marco Torres, we have the phenomenon of universality evoked through intimacy. And we have beauty, a concept—more accurately, a revelation—so profoundly subjective that it has no known weight in the appreciation of any work of art. This impasse most assuredly possesses the critic when giving aesthetic credibility to the photographic image. With the advent of digital manipulation, any image can be made beautiful, but that beauty doesn’t necessarily have meaning. Meaning is an entirely subjective matter and inevitably the question arises: What meaning does this image have for me? The imagistic propositions of Marco Torres are absolutely that: visual propositions that hinge on the objective/subjective dynamic. As a visual poet, he insists upon giving meaning to each moment in its totality—atmosphere, silhouette, the infinite nuance of color, etc—and in its essential simplicity.

What is it we address in arguing for a semantics of the image? Foremost, we must find clarity in expression: the image must be accessible to our sensibility. We must be able to read it on our own terms and within our own conception of time. The image can be new to us. It can be a startling realization, or it can perhaps be evidence of something we subconsciously already knew. Beyond our immediate reading of the image lies the forensic process that informs our intelligence. Our intuition seeks a result. Judgement, when reading the image, infers that a conclusion has been reached concerning the image’s integrity. In essence, what the photographer perceives he must communicate in the image. Why apprehend truth but compulsively burden it with artifice? The photographer can not contrive to make an image meaningful—artificiality can be read at a great distance. The image is now omnipresent. It is absolutely equal to the word, with the word often relegated to the task of elaboration. This is known to the intelligent photographer, it is no well-kept secret. And it goes without saying that the poetic image has a truthfulness about it that is intrinsic to its realization.

When I look at these images by Marco Torres, I find a multitude of considerations (and preoccupations) that have found their form. But, most importantly, that have found their form in the proposition he brings to the image. Simplicity can easily be misinterpreted as the minimalist ethos. Minimalism is, for me, a benign manifestation of nihilism. Marco Torres works with the choreography of visual thought, and a vital sensibility informs that thought. His images are, in their simplicity, statements of the moment. Here the photographer sees as the poet sees. The semantics of the image is manifest and there is a visual language at work that is forthcoming and gracious. The transformative French philosopher Gaston Bachelard writes about space in its infinite forms, but always as a poetical proposition. I believe it is essential to read the photographs of Marco Torres as visual poems. In our reading of them, we experience our own world. 

30.4.17